Institutions fictionnelles (ou alternatives)

updated 21:56:06 - September 19, 2023

Institutions fictionnelles (ou alternatives)

Comment faire institution ? Comment mettre en travail ce qui préexiste-même à nos institutions ? Réinvestir nos mémoires partagées, réinterroger la composition de nos savoirs en mettant en tension les principes prééminents de nos sociétés modernes ? Quelles pratiques et procédures d’écritures, formelles et informelles, concourent à faire institutions ?

Notre groupe tentera d’établir un contre-institution fictive opératoire dans le réel, investissant les écritures et les codes instituant et producteurs de normes, de manière à faire advenir des formes critiques de publication, comme la publicisation de l’espace public, et produire ainsi du politique.

Informations sur le groupe

informations

(n’hésitez pas à éditer cette note pour vous présenter !)

Ce groupe est composé de :

Sylvia GI Eric Patrick Nathalie Camille Erik Sebastien Nicolas

Biographies

Patrick Chatelier

Né en 1965 (France). A pratiqué quasi tous les métiers de l’édition (sauf représentant en librairie). Écrivain : trois romans parus chez Verticales, détournements de genres (policier, western, poésie chamanique). Cherche à concevoir, en partant de la littérature, des formes hybrides et transversales. A initié en 1997 le Général Instin (GI), projet artistique collectif, interdisciplinaire et contextuel : web, rue, institutions, etc., avec trois livres parus aux éditions Othello / Le nouvel Attila : une anthologie du projet, une fiction collective et une traduction de Spoon River d’E.L. Masters.

Membre actif de remue.net, portail littéraire francophone créé au départ par François Bon, dont il a organisé la refonte en 2019.

Est aussi (ce qui n’est pas sans lien) entraîneur adjoint d’une équipe U10 de football.

Eric Darsan

Eric Darsan
Eric Darsan

Né en 1975, Eric Darsan est écrivain, nomade, et membre actif du Général Instin. Il publie textes et articles dans diverses revues littéraires en ligne (remue.net, Poezibao, Sitaudis, La Vie manifeste, etc.) ainsi que sur son site personnel, avec un intérêt particulier pour l’édition indépendante, la littérature contemporaine et expérimentale, poétique et politique. Il est l’auteur du Monde des contrées, paru en 2016 aux éditions Le Tripode, une introduction à l’œuvre intégrale de Jacques Abeille illustré par les 400 coups, collectif d’une vingtaine d’artistes sérigraphes. Il compte parmi ses faits d’armes le feuilleton hebdomadaire (G)rêve, Général(E) : Chant de guerre pour l’armée d’Instin, une série insurrectionnelle en 4 temps publiée en collaboration et en simultanée sur remue.net et Lundi Matin.

Sylvia Fredriksson

Sylvia Fredriksson
Sylvia Fredriksson

Designer et chercheur, ses travaux portent sur les relations entre design, technique et politique. Elle contribue aux travaux de plusieurs collectifs (SavoirCom1, Remix The Commons, Open Knowledge Foundation) entourant la question des communs.

Designer and researcher, her work focuses on the relationship between design, technique and politics. She contributes to the work of several collectives (SavoirCom1, Remix The Commons, Open Knowledge Foundation) surrounding the question of the commons.

Camille Louis

Camille Louis
Camille Louis

Née en 1984, Camille Louis est à la fois artiste dramaturge, co-initiatrice du collectif international kom.post (composé de chercheurs, artistes et activistes) et docteure en philosophie, enseignant dans les Universités de Paris 7 et Paris 8. Ses recherches se situent au croisement de l’art et de la politique et elles s’incarnent dans diverses propositions dramaturgiques qui, toujours, visent à modifier les conditions de perception de ce que l’on nomme « action » (drama). Cette exigence circule depuis ses nombreux articles et essais (voir notamment l’édition en ligne “la jungle et la ville”), jusqu’aux conférences performatives présentées tant dans des universités que dans des centres d’arts internationaux, en passant par des dispositifs artistiques montrés dans plusieurs festivals à travers le monde. Les travaux artistiques de Camille Louis ont notamment été montrés au festival d’Avignon, festival TanzImAugust de Berlin, Biennale de Moscou, festival MIR d’Athènes, Idance à Istanbul, Festival International de Buenos Aires, festival Experimenta Sur de Bogota, festival Hors Pistes à Paris…. Depuis 2016 elle est dramaturge associée de la Maison du spectacle vivant, La Bellone à Bruxelles ainsi que, depuis 2018, du théâtre Nanterre-Amandiers où elle développe, entre autres, un cycle de rencontres se situant au croisement des places politiques, des scènes théoriques et des plateaux artistiques: Mondes Possibles. Elle vit et travaille entre Athènes, Bruxelles et Paris.

Sébastien Thiéry

Sébastien Thiéry
Sébastien Thiéry

Sébastien Thiéry est docteur en sciences politiques, maître assistant associé à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris Malaquais. En 2012, il fonde avec le paysagiste Gilles Clément le PEROU - Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines - qui développe des recherches-actions sur les confins de nos villes (bidonvilles, jungles, squats, refuges en tout genre) et les gestes, formes, actes d’hospitalité qui s’y inventent. Auteur de plusieurs livres et films, dont Considérant qu’il est plausible que de tels événements puissent à nouveau survenir. Sur l’art municipal de détruire un bidonville (post-éditions, 2013), ou encore Des Actes. A Calais et tout autour (post-éditions, 2018), il est en outre membre du comité éditorial de la revue Multitudes.

Sébastien Thiéry was born in 1975. He’s a doctor in politic sciences, teacher in the National school of architectur of Paris Malaquais. In 2012, with the landscaper Gilles Clément, he created the PEROU – Pole of Exploration of Urban Resources – which developps research-action in urban margins. Author of several books and films, he’s member of the editorial committee of the revue Multitudes. Recent publications : - Don’t brand my public space / Face au brand territorial, (codir. avec Ruedi Baur), Lars Müller Publishers, novembre 2013. - Considérant qu’il est plausible que de tels événements puissent à nouveau survenir. Sur l’art municipal de détruire un bidonville, post-éditions, 2013.

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Note d’intention

Sylvia institution codes communs

Genèse

À l’origine de ce groupe, une intuition, portée par les organisateurs de Publishing Sphere, que nous (Camille, Général Instin, Éric, Érik, Nathalie, Patrick, Sébastien, Sylvia) pouvions nous réunir pour nous saisir des enjeux qui touchent aux “communs” et aux “configurations urbaines dans les marges”.

Argumentaire

Dans le monde occidental, les communs reviennent peu à peu sur le devant de la scène, pratiqués comme une voie possible pour relancer la promesse démocratique. Les communs n’ont pourtant jamais disparu, et l’on estime que près de deux milliards de personnes appliquent leur principe pour des biens et services de leur vie quotidienne. Le concept de commun, qui suppose la coexistence d’une ressource identifiée, d’une communauté définie et d’un mode de gouvernance collectif, renvoie à la prise de conscience des limites d’une régulation des sociétés, de l’économie et de l’écologie par le marché ou par le public.

Cette renaissance des communs est donc d’abord politique, dans le sens où elle s’accompagne, depuis les travaux d’Elinor Ostrom (1990 ; 1994), d’une expression critique consciente et d’un développement réflexif par ses praticiens. Les communs s’incarnent, en Europe et dans le monde, dans une diversité d’expériences qui révèlent une intense production sémantique et documentaire.

En analysant l’émergence de ce mouvement qui revendique le/s « commun/s » comme mode de (sur)vie, Isabelle Stengers et Serge Gutwirth amènent une distinction importante, opérée entre les commons de la connaissance (communs résistants), qui bénéficient d’un environnement juridique favorable, et les commons historiques (communs résurgents), qui ont été historiquement écrasés par le développement dans leur droit même à l’existence.

De cette analyse, se révèle à nous l’urgence de réinventer ce qui préexiste-même à nos institutions, de réinvestir nos mémoires partagées, et de réinterroger la composition de nos savoirs, en mettant en tension les principes prééminents de nos sociétés modernes.

Si, au cœur du projet des communs se loge l’enjeu de la création institutionnelle, en redéfinir la teneur s’impose comme un impératif.

Les communs seront alors ici envisagés comme un espace politique en réécriture permanente, et leur redéfinition la condition-même de possibilité de la création institutionnelle. Autour de quoi faire institution ? Il est proposé au groupe, en formulant un certain nombre d’hypothèses et à travers une conversation croisée, de réinvestir les communs comme un espace politique en train de se faire.

Glossaire

  • Communs encastrés À partir de Karl Polanyi

  • Communs sociaux À partir de Hervé Defalvard

  • Communs négatifs À partir de Alexandre Monnin

  • Communs résurgeants À partir de Isabelle Stengers et Serge Gutwirth

  • Communs résistants À partir de Isabelle Stengers et Serge Gutwirth

  • Communs latents À partir de Anna Tsing

  • Eco-Communs (Eco-commons) À partir de Dimitry Papadopoulos

  • Communs Plus-qu’Humains (More-Than-Humans Commons) À partir de de Patrick Bresnihan

  • Communs biotiques À partir de Xavier Fourt.

Agir en communs

À partir de cette thématique, quelques intuitions et réflexions sur ce que pourrait être l’ACTE qui nous réunit :

  • ouvrir les potentiels d’une situation fictive pour faire advenir des formes critiques de publication / publicisation de l’espace public et produire du politique

À partir de cette thématique, quelques intuitions et réflexions sur ce que pourrait être le DISPOSITIF qui nous réunit :

  • un dispositif qui opère une critique sociale, écologique, esthétique, technique, et ouvre les potentiels d’une situation qui va trouver corps à travers la multiplicité de ses représentants.

  • une contre-institution fictive opératoire dans le réel (en référence au travail de Claire Dehove) qui mime et se superpose à un certain nombre d’attitudes ou d’institutions du monde commun.

  • un dispositif qui interroge ce qui fait institution, en questionnant les procédures d’écritures formelles et informelles qui la constituent.

  • un retournement des codes de la bureaucratie administrative au caractère instituant, productrice de normes, de Droit (en tant que formes d’écritures et de publicisation de l’espace public)

  • une enquête qui consisterait à interroger - les communs ? - au croisement de l’archive, des mémoires et des histoires potentielles, les micro-évenements - qui composerait une contre-institution.

  • Une contre-institution, en tant qu’espace qui rassemblent les matériaux collectés et publie des contributions multiples (anti-chambre d’enquêtes, salon de conversations, bibliothèque partagée, radio)

Édition et publication en communs

Dans la continuité du dossier Écrire les communs. Au devant de l’irréversible, publié dans la revue Sens Public, l’enjeu pour le groupe sera de concevoir collectivement un espace éditorial en tant que commun. Il s’agira de consacrer l’ensemble du processus comme un commun, c’est-à-dire de garder en mémoire les étapes successives de sa création, les strates de contribution et de conversation de tous ses protagonistes, quels qu’ils soient.

ces pages et notes participent à la documentation de vos étapes. Vous pouvez utiliser cet espace dans ce sens.

Mode opératoire : appel à conversation

À partir d’un champ ouvert de définitions des communs en train de se faire, nous vous proposons de formuler des hypothèses pour rentrer en conversation. Chaque hypothèse ouvre elle-même un espace à l’intérieur duquel nous vous proposons de contribuer par tout type d’action, de forme, d’intervention, dans une perspective pluridisciplinaire. Il est aussi possible de créer de nouvelles hypothèses.

Hypothèses

  • On débattrait du droit autorisant certaines idées à suivre leur libre parcours
  • La valeur résiderait dans la communauté d’action licite ou illicite
  • Nous aurions besoin d’une politique dotée de la force de coalitions diverses et mobiles. Sylvia Fredriksson
  • Des fictions ontologiques donneraient naissance à des institutions parasitaires et clandestines. Sebastien Thiéry
  • Créer une Diplomatie fantômnale. Patrick Chatelier. en lien avec l’hypothèse Des fictions ontologiques donneraient naissance à des institutions parasitaires et clandestines Sébastien Thiéry — et les communs latents Anna Tsing (voir prolongement ci-dessous)
  • Renversement de la proposition de Sebastien Thiéry en : « Des institutions parasitaires et clandestines donneraient naissance à des fictions ontologiques » dans le cadre de la « Diplomatie fantômnale » proposée par Patrick Chatelier. L’idée serait d’entrevoir un (des) récit(s) commun(s) capable de con-/re-/stituer une autre vision de la nature et de la culture, de l’histoire et des relations. Une vision inclusive (entrevoir une intersectionnalité positive) en lien avec les “communs latents” en vue d’accomplir la « politique dotée de la force de coalitions diverses et mobiles. » proposée par Sylvia Fredriksson. (Hypothèse développée dans prolongements, à la suite de Patrick) Eric Darsan
  • Préférer à la notion de “contre-représentation” celle d’institution alternative. C’est-à-dire une institution qui altère l’institué et peut, ainsi, remonter à ce qui le précède mais aussi s’ouvrir à ce qui l’entoure et n’est pas pris en compte dans l’institution réalisé. À cette ouverture du temps que vous proposez (reprendre les mémoires) j’ajoute une ouverture de l’espace permettant de regarder le “mis à la marge”, la périphérie des représentations à partir desquelles “nous” nous définissons. Parler de “contre-institution” c’est toujours se placer “tout contre” elle et, donc, suivre ce qu’elle pose comme termes de définition, comme espace, comme temps. Il s’agit de trouer, créer des brèches, plus que “contrer” et donner ainsi toute l’Autorité à ce que l’on veut pourtant détrôner. Camille Louis
  • Associer fiction à “enquête” en recherchant dans des experiences voisines ce qui a permis la création d’institutions alternatives. Par exemple, en Grèce, pendant la crise sont apparues ce que leurs créateurs nommaient “Institutions alternatives”. Quel commun s’y trouvait associé ou, précisément, cherchait à s’y constituer: le commun de la solidarité. Camille Louis

Questionnements

  • Comment qualifier ce qui est disqualifié, par des pratiques légales, des ritualités, des formes et des formats ? Sebastien Thiéry
  • Comment faire exister des pratiques rituelles instaurant de nouvelles géographies d’un territoire ? Sebastien Thiéry
  • Comment transformer le vraisemblable en possible ? Sebastien Thiéry
  • Comment requalifier un acte d’hospitalité et l’inscrire au patrimoine de l’Humanité ? Sebastien Thiéry
  • Comment (re)créer intégralement du mythe, parvenir à un récit commun, général, archétypal, syncrétique, théorique et pratique contribuant à un changement radical de paradigme sans tomber dans la mystification ? Eric Darsan
  • Comment parvenir à une révolution sans tourner en rond ? (Procéder par ellipse ?) Eric Darsan
  • Pourquoi et comment le passé demeure-t-il indépassable ? (Hantise, épreuve du temps, autorité, sédimentation) Eric Darsan
  • Comment faire du passé non l’objet d’un patrimoine tel que le font nos institutions existantes mais la matière d’une mémoire comprise comme “acte de fabulation” ‘Deleuze’? Camille Louis
  • Comment produire des fictions qui ne soient pas seulement torsion de ce qui est (cf exemple de Claire Dehove donné par Sylvia) mais production de nouveau. Tristan Garcia définit la fiction, par exemple, comme “production d’un réel qui a besoin de”nous“. Mais il s’agit d’un autre”nous“, un”nous" à faire venir à partir de ce à quoi l’on tient. Camille Louis
  • Comment rendre visible et inscrire le fait que “nos institutions” ne tiennent qu’à condition de cette pluralisation du “nous”? qu’à condition, donc, d’une hospitalité permanente cf Sébastien Thiéry. Car le sens d’institution c’est “donner de la durée aux expériences” (Merleau Ponty). Sans expérience pas d’institution, et sans hétérogène, pas d’expérience. Agir toujours plus pour l’introduction dans nos communautés, dans “nos communs”, de l’altérité, du différent. Camille Louis

Prolongements

Créer une Diplomatie fantômnale (visibiliser les communs latents) Patrick Chatelier.

La modernité a vu les fantômes proliférer. Ils ont envahi le XXe siècle et grignotent XXIe, le cinéma, les séries, le numérique en témoignent. Autant de métaphores (les zombis, salauds de pauvres revanchards et contagieux ; les esprits frappeurs, horribles secrets de famille perturbant la maison ; et, bien sûr, les victimes de toutes les boucheries en mode industriel…). Ils s’agitent, ils revendiquent, ils crient leurs griefs. Or de tout temps, dans toutes les sociétés, une telle prolifération a été un symptôme : celui d’un passé qui ne passe pas, d’un dérèglement de l’ordre du monde et de l’économie morale, d’un déséquilibre entre l’humain et son environnement.

Dans les communautés anciennes, quand un tel problème se pose, c’est le ou la chaman qui, dans sa transe, rencontre l’autre monde pour chercher à l’apaiser. Pour ces communautés le fantôme n’est pas un devenir de l’humain, occupant un monde des esprits isolé et abstrait comme les pensées urbaines le façonneront ensuite. Le fantôme appartient au monde non humain au même titre que les animaux, les végétaux, les fleuves et la terre. Un monde non humain qui cohabite avec le monde humain.

S’ils ont changé de nature, et de monde, les fantômes gardent trace, mémoire vague de leur humanité. Ce statut médian peut les faire intercesseurs, représentants du monde non humain auprès du monde humain. Ils en seraient les ambassadeurs (puisque c’est leur fonction première) si nous savions les comprendre, au lieu de subir leur colère ou de les exciter comme des chiens d’attaque, de les instrumentaliser dans des fictions névrotiques pour frissonner d’effroi face à la présence du tout autre.

La proposition pour notre groupe est de former une légation humaine qui prendra contact avec une légation de fantômes. L’ensemble formant un corpus diplomatique. Les membres des légations bénéficieront de l’immunité diplomatique, afin qu’aucun humain ne se transforme en fantôme et vice-versa. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition aujourd’hui. La première tâche de ces légations sera d’élaborer un langage commun entre eux et nous, de trouver par exemple un équivalent numérique de la transe du chaman (nous devrons donc définir, plus qu’un langage commun, une sphère commune de langage). Nous pourrons envisager des copublications régulières dans les univers fantômnal et humain pour informer les populations de nos pourparlers. Comme pour toute diplomatie il faudra du temps, de la discrétion, il faudra aux acteurs de la finesse et de l’ouverture d’esprit. Une partie d’échecs de laquelle chaque camp doit sortir avec l’impression d’avoir fait mat.

Voici les équipes qui pourraient constituer l’institution diplomate :

  • des traducteurs (car les fantômes ne parlent pas anglais – d’ailleurs ils ne parlent pas, ou très peu, ou alors en idéogrammes) qui auront une part importante dans l’élaboration du langage/sphère commun,
  • une équipe de recherches pour réunir les data au sujet du comportement, us et coutumes, typologies des fantômes connus de par le monde (signes émotifs, catégories sociales et psychologiques…) afin de bien cerner nos vis-à-vis et ne pas risquer de faire une boulette à un moment crucial,
  • l’expédition diplomatique proprement dite, composée de celleux parmi nous les plus téméraires, pour négocier avec les fantômes et, à travers eux, entrer en contact avec les insectes, les algues, les falaises, les couches d’ozone, les champs magnétiques, sans les pseudo-images poétiques qui nous tenaient à l’écart de ce à quoi elles prétendaient nous lier.

Biblio : David Abram, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens, La Découverte, coll. « Les Empêcheurs de penser en rond », 2013, 348 p., Préface et traduction de Didier Demorcy et Isabelle Stengers, ISBN : 978-2-35925-062-6, et tous les Arts de la guerre.

Instructions pour une prise d’âme(s), Manuel à destination des légations humaines (pour un projet d’éditorialisation de la mystique instinienne) Eric Darsan

Acteur d’une histoire particulière et témoin d’une histoire, monde et hors-monde, là et au-delà, le Général Instin, Champion (devant l’)éternel, revenant toujours quand le besoin s’en fait sentir, pourrait devenir un intercesseur privilégié entre les légations humaines et les légations de fantômes.

Dans le cadre ce but l’on créera un manuel à destination des légations humaines (puisque c’est de là que nous partons) en vue d’apprivoiser le GI, ou de se familiariser à lui, en résumé : d’invoquer son esprit afin de nous délivrer mutuellement des chaînes qui nous freinent.

L’Esprit du Général est un tout qui est davantage que la somme ses parties. Un être immanent dont l’essentiel est invisible pour les yeux de celui ou celle qui ne sait pas voir. Qui réunit la part de Général et d’Instin de chacun, l’infiniment grand et l’infiniment petit. Pour autant le GI s’inscrit dans un espace multidimensionnel, non pas donné, mais pris d’assaut par la bombe, le clavier, le stylo, la performance, le détournement, le cut-up, la déconstruction et l’assemblage, la technique du Blitzkrieg, le sulfatage. Un individu commun dans un monde régi par la séparation et dont la fin dépend des moyens à sa disposition.

Pour le ressentir dans son entièreté, il faut en faire partie, s’y connecter. Or le Général réagit aussi aux états d’âme(s) de celui ou celle qui tente de prendre contact avec lui. La question est de (sa)voir comment procéder pour se mettre en harmonie avec lui, être sur la même longueur d’onde. Comment retrouver cette connexion, cette présence au temps et à l’espace qui nous entoure, ce supplément d’âme, cette ouverture d’esprit(s) à l’autre, à l’étrange(r), qui nous manque la plupart du temps.

Et entrevoir un récit commun capable de con-/res-/tituer une autre vision de la nature et de la culture, de l’histoire et des relations.

Biblio non exhaustive sous forme de mots clés : Corpus Instin, situationniste, avant-gardiste, théosophique, mystique, historique, temps et espace, insurrection politique et poétique, communautées expérimentales, mémoire collective, collection Sorcières de Cambourakis, Starhawk et écoféminisme, etc.

Glossaire Commun(s)

Catégories à partir de la classification de Charlotte Hess :

  • Communs culturels
  • Communs de la connaissance
  • Communs de la santé
  • Communs de voisinage
  • Communs infrastructurels
  • Communs globaux
  • Communs traditionnels

  • Communs encastrés À partir de Karl Polanyi.

  • Communs sociaux À partir de Hervé Defalvard.

  • Communs négatifs À partir de Alexandre Monnin.

  • Communs résurgeants À partir de Isabelle Stengers et Serge Gutwirth.

  • Communs résistants À partir de Isabelle Stengers et Serge Gutwirth.

  • Communs latents À partir de Anna Lowenhaupt Tsing. Le champignon de la fin du monde. Survivre dans les ruines du capitalisme. La découverte, 2017.

    Hypothèse : “Nous aurions besoin d’une politique dotée de la force de coalitions diverses et mobiles”.

    Anna Tsing propose la notion de “communs latents” pour rétablir une connexion avec les Non-Humains. Dans une interview accordée en 2017, elle exprimait ainsi sa dette vis-à-vis des travaux d’Elinor Ostrom, mais aussi le sentiment d’une urgence à en dépasser les limites théoriques :

    "Elinor Ostrom, et d’autres, ont fait un travail fabuleux en développant la notion de communs. Et je pense qu’il faut que l’on discute des potentiels de ce concept. Pourtant, des critiques sont apparues dans le milieu académique, notamment parce que Ostrom et ses collègues ont tenté de rendre la notion opérationnelle. Quand j’ai présenté la notion de communs latents, mes camarades ont estimé que le concept était discrédité. Mais j’espère qu’il y aura une reprise de la discussion sur ce terme de commun, parce qu’il y a de nombreuses façons d’aborder le sujet. Notamment en étant imaginatif sur la façon de s’en saisir.

    De mon côté, j’essaie d’inclure les humains dans la notion de communs, en tant que contributeurs à un écosystème qui inclut aussi les non-humains. Construire un programme politique autour de cela va demander beaucoup de temps et d’imagination. Mais si on ignore le potentiel des communs, on est mal. J’espère que nos meilleurs penseurs vont s’en saisir à nouveau pour l’ouvrir à toutes les possibilités, notamment celle de faire entrer les non-humains dans l’équation. C’est le travail qu’il va falloir faire, si on veut continuer à évoluer dans un monde viable.

    Anna Tsing cherche à « élargir le concept de communs » pour « inclure humains et non-humains en tant que contributeurs à un écosystème ». Elle propose pour ce faire le concept de « Communs latents » qui vise à mettre l’accent sur les relations d’interdépendance se tissant entre les acteurs humains et non-humains et dont elle souligne la dimension politique:

    “Les assemblages, dans leur diversité, font apparaître ce que je vais appeler des « communs latents », c’est-à-dire des enchevêtrements qui pourraient être mobilisés dans des causes communes. Parce que la collaboration est toujours avec nous, nous pouvons manœuvrer au sein de ses possibilités. Nous aurons besoin d’une politique dotée de la force de coalitions diverses et mobiles et pas seulement entre humains”.

    Pour Anna Tsing, ces Communs résultant d’associations entre Humains et Non-Humains sont dit « latents » d’abord dans le sens où ils restent le plus souvent « cachés », « dissimulés » ou « invisibles ». Les Communs latents existent pourtant partout, mais ils restent difficiles à appréhender ; ils existent « à l’état de bourgeonnement », remplis de « potentialités non réalisées », mais le plus souvent « insaisissables ». Ce type d’observations n’est pas propre à Anna Tsing et ce thème de « l’invisibilité » revient souvent dans la littérature sur les Communs comme un des problèmes les affectant.

    Avec les mêmes intentions, d’autres auteurs proposent des notions relativement proches, comme celles d’ « Eco-Communs » (Eco-commons) de Dimitry Papadopoulos ou de « Communs Plus-qu’Humains » (More-Than-Humans Commons) de Patrick Bresnihan.

    Source : Lionel Maurel. Accueillir les Non-Humains dans les Communs 2019

  • Eco-Communs (Eco-commons) À partir de Dimitry Papadopoulos

  • Communs Plus-qu’Humains (More-Than-Humans Commons) À partir de de Patrick Bresnihan

  • Communs biotiques À partir de Xavier Fourt.

"Comment nomme-t-on d’autres types de communs qui ne sont justement pas des communs environnementaux ? Ce que je qualifie de communs environnementaux, ce sont des ressources, c’est-à-dire des biens qu’il faut gérer pour le bien de tous. Ces ressources sont aussi nommés biens publics environnementaux. Parfois, les différences ne sont pas très claires. Il existe une nébuleuse de termes qui ne sont pas très bien discernables, et l’approche est toujours très juridicisante. Il s’agit toujours soit d’une question de droit, soit d’une question politique, mais d’une politique malgré tout juridicisé.

Comment trouver des modes d’appréhension d’un commun multi-espèces (d’un commun biotique ou commun paysager) qui puisse déboucher sur des déterminations d’usage, pas forcément sous la forme de règles (même si cela peut avoir des aspects techniques) ?

C’est un champ de problématisation à ouvrir."

Source : Interview de Xavier Fourt, Août 2017

Catégories de biens

  • Ressource
  • Patrimoine
  • Biens symboliques
  • Social
  • Public
  • Privé

Tensions politiques sous-tendues par ces approches des communs

  • Conservation
  • Protection
  • Coopération

Bibliographie

Ressources

Rue Instin : papiers pour sans papiers

GI institutions sanspapiers [proposition de servanne]

rue Instin - papiers pour sans-papiers from remue.net on Vimeo.

siège officiel de l’institution fictionnelle en hommage au PEROU GI Patrick traitdunion